L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL
DU LOGEMENT

Habiter sans impacter l’environnement

Un habitat écoresponsable réduit l’impact personnel sur l’environnement sans compromettre la qualité d’habitation et de vie de ses occupants grâce à des choix judicieux concernant le lieu de l’appartement ou de la maison, la surface habitable par personne, la température des pièces, les matériaux de construction et d’isolation thermique utilisés, le traitement et l’évacuation des déchets ou les sources d’approvisionnement en énergie.

Pour réduire l’impact individuel du logement sur l’environnement, il n’existe pas qu’une solution unique. La boîte à outils propose divers leviers parmi lesquels, propriétaire ou locataire, chacun peut choisir en connaissance ceux qu’il met en œuvre par rapport à son logement : qualité de l’eau, des sols et de l’air, économies d’énergie et des ressources naturelles comme l’eau et le sol, réduction des émissions de gaz à effet de serre, diminution et tri des déchets sont autant de portes d’entrée en matière.

Qualité du sol et de l’air 

Les sols urbanisés sont souvent contaminés par des polluants. Ceux-ci proviennent, dans la plupart des cas, d’anciennes décharges de déchets urbains et d’anciens sites industriels. Pour pouvoir être réaménagés, ces sites doivent être assainis et les sols pollués traités ou éliminés en tant que déchets spéciaux.

La deuxième source de pollution des sols et de l’eau sont les jardins privés et familiaux qui utilisent généralement une grande quantité d’engrais minéraux (produits chimiques de synthèse), de compost pollué, de pesticides et de cendres. L’incinération sauvage de déchets verts détériore la qualité de l’air et du climat en émettant des gaz à effet de serre.

De même, les systèmes de chauffage de l’industrie, du commerce et des ménages sont d’importantes sources de pollution atmosphérique. Cette dernière a été considérablement réduite depuis les années 90 grâce aux progrès techniques et le traitement des fumées.

L’utilisation du bois comme combustible reste problématique sous certaines conditions. Elle émet de grandes quantités de poussières fines et de polluants atmosphériques.

L’incinération sauvage et illégale de déchets (carton, emballages en plastique, bois collé ou peint) émet des substances toxiques extrêmement dangereuses telles que les dioxines et les furanes. A contrario, en comparaison à la circulation automobile, aux systèmes de chauffage et aux installations de combustion industrielle, l’incinération légale et contrôlées des déchets ne rejette que de faibles quantités de polluants dans l’environnement. De plus, les 29 centres suisses d’incinération de déchets utilisent la chaleur de combustion pour produire de l’électricité ou alimenter les réseaux de chauffage urbain à distance et les installations industrielles. La valorisation énergétique de nos déchets couvre  environ 2 % de la consommation d’énergie en Suisse.

Château d’eau de l’Europe, la Suisse dispose de vastes ressources hydriques de bonne qualité. Toutefois, les résidus de l’agriculture, de l’industrie et des ménages polluent les eaux.

Grâce au traitement des eaux usées, la qualité de l’eau potable puisée en aval, des cours et des plans d’eau s’est considérablement améliorée au cours des dernières décennies.

Toutefois, dans certaines régions, les cours d’eau contiennent une charge notable en micropolluants organiques issus de sources ponctuelles (produits chimiques, médicaments, biocides, perturbateurs endocriniens). En Suisse, on recense plus de 30 000 substances entrant dans la composition des produits d’usage courant.

Energie et climat 

Le logement est un facteur important de la consommation d’énergie et des émissions de CO2. C’est pourquoi en 2001, la Confédération a fixé des objectifs énergétiques et climatiques. Elle a aussi adopté des mesures en vue d’améliorer l’efficacité énergétique, par exemple par la rénovation des bâtiments et l’utilisation des énergies renouvelables et des rejets thermiques.

Dans les domaines de l’isolation, de la ventilation, du chauffage et du refroidissement, une contribution importante peut être apportée aux économies d’énergie et émissions de CO2.

Pour le choix des pompes à chaleur domestiques, quelle que soit la source de chaleur (air, eau et sol), celles à fluides frigorigènes naturels sont plus écologiques que celles à fluides frigorigènes fluorés traditionnelles. Les pompes à chaleur utilisant le propane, consomment moins d’énergie et ne produisent que des émissions de froid. Par rapport aux pompes à chaleur à HCFC traditionnelles, elles permettent d’éviter jusqu’à 17 % des émissions de gaz à effet de serre. En principe, les systèmes de climatisation doivent être évités autant que possible. Cet objectif peut être atteint en recourant à des méthodes de construction et à des solutions techniques appropriées.

Ressource naturelle eau

L’augmentation de la population et les constructions qui en découlent nécessitent la canalisation et la modification artificielles des cours et plans d’eau. La politique fédérale actuelle de protection des eaux vise à revitaliser les rivières, les torrents et les rives des lacs, à fournir des ressources suffisantes en eau et à réduire les effets négatifs de l’utilisation de l’énergie hydraulique. Les synergies entre la protection des eaux, la protection contre les crues et la défense de la biodiversité allient respect de l’environnement et qualité de vie.

Un grand potentiel d’économie d’eau existe dans le domaine du logement. Utiliser un économiseur d’eau permet de réduire la consommation, tout comme arroser son jardin avec de l’eau de pluie, prendre une douche plutôt qu’un bain. Ces mesures faciles à mettre en œuvre pour réduisent efficacement la consommation d’eau d’un ménage.

Ressource naturelle sol

En Suisse, la plus grande partie du territoire est utilisée. La proportion des superficies constructibles (habitat, production, commerce, mobilité, loisir, etc.) ne représente que 5% du territoire. Les terres agricoles cultivables couvrent 35% de la superficie, 30% sont des forêts et buissons et 25% des espaces naturels alpins d’altitude,

Cependant, l’urbanisation s’étend d’année en année par un mitage progressif et engendre une perte conséquente des terres agricoles, réduites actuellement à 0,14 ha par habitant.

Le développement des constructions de bâtiments, de routes ou d’infrastructures et l’imperméabilisation de la surface des terres fertiles avec des matériaux artificiels étanches (tels que l’asphalte ou le béton) qui empêchent la circulation d’air, d’eau et d’énergie entre l’atmosphère et la terre, entraînent un morcellement du territoire. L’urbanisation a aussi des effets néfastes sur la qualité du paysage et ses atouts pour les loisirs et la santé, la convivialité ou l’attrait des sites.

La surface imperméabilisée en Suisse est de 1 920 km² à peine moins grande que la superficie du canton de Saint-Gall. Toutes les régions n’ont pas le même degré d’imperméabilisation. Le fond des vallées et des plaines des grandes rivières et fleuves de montagne sont les plus affectés. Suit le Plateau suisse avec un taux de 10%, puis les flancs des Alpes et Alpes centrales avec un taux de moins de 3%.

Seule une densification des zones d’habitation devrait permettre de faire face à la croissance démographique future sans expansion supplémentaire des zones bâties sur les terres agricoles.

Le deuxième facteur qui affecte les ressources naturelles est la consommation de matériaux de construction tels que la pierre, la terre, mais aussi le métal ou le bois. Une rénovation de haute qualité limite cette consommation de matériaux de construction. Vivre dans le centre ou en périphérie pour bénéficier des infrastructures (routières, sportives, etc.) limite la consommation de matériaux d’aménagement.  Densifier les zones d’habitation et le logement économise aussi des ressources naturelles relatives à la construction et à l’aménagement.

Le recensement 2010-2014 affiche cependant une augmentation significative de la surface habitable par personne. Celle-ci a passé en moyenne de 38m2 en propriété et 31m2 en location en 1980 à respectivement, 52m2 et 41m2 en 2015. La superficie moyenne des appartements en propriété est actuellement de 133m², tandis que celle des appartements en location est de 83m².

Déchets

La loi fédérale sur les déchets de 1983 a réduit considérablement l’impact environnemental dû au traitement des déchets en Suisse. Cependant, mieux qu’une incinération non polluante, le recyclage des matières via l’économie circulaire réduit encore plus efficacement l’impact environnemental des déchets ménagers, biodéchets ou déchets de construction. Bien que des chiffres élevés aient été atteints en matière de tri sélectif du verre, de l’aluminium, du PET et des vieux papiers, afin de réduire la pollution environnementale, des efforts encore plus importants doivent être consentis au début de la chaîne de production et en ce qui concerne le comportement des consommateurs:

Enfin, les réflexions en amont concernant la quantité d’emballage et de produits achetés, leur origine, leur mode de transport, leur mode de production sont déterminantes pour réduire l’impact environnemental de nos biens de consommation.

Ces efforts, traitements des fumées, tri sélectif, consommation responsable, sont d’autant plus importants qu’avec la croissance démographique et économique, le volume des déchets ménagers a augmenté de près de 50 % entre 1990 et 2016, pour atteindre 6,1 millions de tonnes de déchets, soit 715 kg par an et par personne. L’activité de construction est toutefois celle qui génère la plus grande quantité de déchets, soit environ 16,8 millions de tonnes de matériaux  sans compter les déchets d’excavation et de démolition..

Le « littering » (déchets sauvages et abandonnés) dans les lieux publics coûte en nettoyage et en élimination 200 millions de francs suisses annuellement.

Les déchets spéciaux, les déchets industriels et commerciaux et les boues d’épuration sont en constante augmentation. Celle-ci résulte principalement des mesures de protection de l’environnement visant à l’assainissement des sites contaminés, c’est-à-dire à l’excavation des sols pollués.

En Suisse, l’élimination des déchets est principalement financée selon le principe du « pollueur-payeur ». L’élimination et les traitements des déchets ménagers sont payés par le citoyen. En 2011, environ 80 % de la population a payé tout ou partie du traitement de ses déchets par des redevances calculées en fonction de la quantité. Le financement se fait pour 20 % au moyen des recettes fiscales ou bien uniquement au moyen d’une redevance de base. L’élimination et le traitement des déchets des entreprises sont payés directement par ces dernières.

L’impact environnemental personnel dû au logement varie considérablement. Plusieurs aspects ont une influence directe :

Type d’occupation ? Il existe une différence entre propriétaires et locataires.

Lieux d’habitation ? Aménagements en matière de transports publics, de prestations, de mobilité, d’accès et d’infrastructures, caractéristiques de l’environnement citadin, rural ou périphérique .

Formes d’habitation ? Type de construction (immeuble d’appartements, maison mitoyenne, maison individuelle, etc.), norme de construction (par ex. Minergie ECO), approvisionnement en énergie et production d’énergie, qualité thermique de l’enveloppe du bâtiment, structure du bâtiment, entretien, installations, adaptabilité aux différents stades de la vie.

Mode de vie ? Utilisation des surfaces (surface chauffée par personne pas trop grande), sources d’énergie utilisées, mix des occupants, usages (équipements tels que mobilier, appareils et éclairage), pièces d’usage commun, terrain (jardin, balcons).

Le potentiel de réduction personnel dépend de nombreuses variables. Un faible impact sur l’environnement peut être obtenu, par exemple, en réduisant la surface  habitable par personne et en vivant dans un immeuble d’habitation économe en énergie à proximité des lieux de travail, de loisirs et  des infrastructures publiques existantes, en optant pour l’achat et l’utilisation d’appareils ménagers et de produits électroniques économes en énergie, de meubles durables et recyclables d’origine régionale ou locale, issus de ressources renouvelables ou de matériaux recyclables, ainsi qu’en recourant,  dans la mesure du possible à des énergies renouvelables.. Les possibilités de tri des déchets et l’utilisation économique de l’eau potable et de la chaleur de chauffage améliorent l’équilibre écologique, de même que les pièces communes dans les nouvelles formes d’habitation. Une marge de manœuvre supplémentaire est possible suivant la forme de propriété et le pouvoir d’achat.

Des informations plus détaillées sur le thème du logement sont disponibles sur les sites suivants (liste non exhaustive) :

Le lieu où nous vivons, le type de bâtiment que nous habitons et nos modalités d’habitation ont des effets sur notre bien-être personnel. Outre des facteurs mesurables, tels qu’un toit étanche et des pièces bien isolées avec un climat de vie confortable, les facteurs « soft » jouent aussi un rôle décisif : l’espace privé est-il suffisant, quelle est la structure sociale du lieu de résidence, les règles fondamentales de la coexistence sociale sont-elles respectées ? Les questions concernant les aspects écologiques ne sont souvent posées qu’une fois que les besoins fondamentaux sont satisfaits.

ET AUSSI

30%

d’augmentation des déchets ménagers entre 1990 et 2012.

17 millions de tonnes 

de déchets de démolition sont produits chaque année par le secteur de la construction en Suisse.

+50%

d’augmentation du taux de recyclage en 20 ans.

273kg

de déchets spéciaux par personne et par an en suisse (2016).

3.55 millions de tonnes

de déchets incinérées par an en Suisse (2017).

2/3

des surfaces agricoles ont disparu en Suisse au profit de l’urbanisation, soit une perte de 85’000 ha, entre 1978 et 2009 qui équivaut à la superficie du canton du Jura,

+23,4%

d’augmentation des surfaces urbanisées en Suisse entre 1978 et 2009, dont la plus grande part, soit 37 016 hectares, résulte de la construction de sites industriels…

16’000

exploitations agricoles, la plupart de petite taille, ont disparu depuis le début du nouveau millénaire.

84 m²

est la surface moyenne habitable par personne pour un ménage suisse et de 71m² pour un ménage issu de l’immigration.

10%

de l’électricité d’un ménage sont consommés par les appareils électroniques et les ordinateurs.

25%

des émissions totales de gaz à effet de serre en Suisse sont dus à la consommation d’énergie dans les bâtiments (ménages, bâtiments tertiaires et industriels).

650

centrales hydroélectriques de la Suisse aujourd’hui .

5,4%

de l’électricité suisse sont produits par des énergies renouvelables (hors hydraulique) tels que photovoltaïque, biomasse, biogaz, énergie éolienne et déchets, soit 3 164 GWh ( 2016).

20%

des émissions de gaz à effet de serre en Suisse sont produits par les ménages (2016).

97%

des ménages en Suisse sont raccordés à des stations d’épuration pour traiter les eaux usées. En Europe, ce chiffre est de 60 %.

80%

des personnes interrogées sont prêtes à payer plus cher pour des produits si cela peut réduire la pollution atmosphérique.

162

litres d’eau potable sont consommés en Suisse par personne et par jour.

90%

des points de mesure indiquent une qualité de l’eau bonne à très bonne.